Thalys, un train pas comme les autres ?

Thalys, le TGV qui relie en quelques heures Paris/Bruxelles/Amsterdam/Cologne, a réalisé une opération très particulière ce 15 septembre : l'entreprise à laissé carte blanche à quatre graffeurs pour recouvrir quatre rames d'un Thalys qui a effectué son premier voyage customisé le soir même.
L'événement a eu lieu sur un quai de la Gare du Nord, tout du long tapissé de rouge pour l'occasion, en présence des responsable du Thalys et de journalistes accrédités (sauf nous, on s'est faufilé!). Cette opération de communication a été voulue pour lancer la nouvelle connexion qui reliera désormais Paris à Cologne en 3h15 top chrono. Et pour le symbole, la performance des graffeurs devait être exécutée en 3h15 top chrono également...

Les graffeurs invités n'étaient pas les moins connus et chacun d'entre eux était censé représenté un des quatre pays traversés par ce train. Ainsi, la performance a réuni le hollandais ZEDZ, le belge SOZYONE, l'allemand SEAK et le françaismaisaméricainenvrai JONONE.

Wagon JONONE & co

(pix Thias)

Wagon SEAK

(pix Thias)

Wagon SOZYONE

(pix Thias)

Wagon ZEDZ

(pix Thias)

Ambiance

(pix Photograff92)

Bizarrement, Thalys a choisi JONONE, l'américain de Paris, pour représenter la scène graffiti française. Ce dernier a détourné la commande initiale en invitant quelques collègues à peindre avec lui sur "son" wagon. Qui s'est fini dans une ambiance de blazes et de flops colorés à l'ancienne...

JONONE 156

(pix Tat)

NUNCA

(pix Thias)

OPAK

(pix Thias)


(pix Thias)

PRO, JONONE, NUNCA, OPAK

(pix Thias)

A la suite de JONONE, l'allemand SEAK avait droit au wagon bar, le plus long du train. SEAK, une bombe dans chaque main, a réussi la performance dans le timing en reprenant le fond existant du Thalys... et en gardant une bonne humeur évidente tout au long du show.

SEAK et JONONE

(pix Photograff92)

Ses formes sortent tout droit d'un film de science fiction, comme s'il avait posé des effets spéciaux sur le train, un espèce de vaisseau spatial à la vitesse du TGV.

SEAK

(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Tat)

Le belge SOZYONE a presque découpé son wagon en deux parties à moitié symétrique. Des ensembles d'aplats de couleurs recouvrent les parois du train où les vitres et les hublots deviennent les yeux de sa pièce. L'influence de l'art contemporain n'est pas loin...

SOZYONE en session interview

(pix Photograff92)

SOZYONE

(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Tat)

Dans un esprit qui reste contemporain, ZEDZ travaille plutôt les lignes, les matrices, les réseaux qui s'imbriquent dans une toile technologique à grande vitesse. Thalys y verra nos vies de voyageurs modernes, mais chacun peut y déceler les interconnexions qui lui sont propres, les espaces et les facettes qui se côtoient sans fusionner, le vide des interstices qui les séparent...

ZEDZ en action

(pix Photograff92)

ZEDZ

(pix Tat)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)

Ce Thalys ne ressemble plus en rien aux autres trains. Il est unique et circulera quelques années ainsi, du moins jusqu'à ce que le vent, la pluie et l'usure naturelle le "nettoie". Un mode de nettoyage qui reste plus souple qu'à l'habitude...

Car cette opération peut apparaître comme contradictoire, voire "faux-cul" pour certains qui se rappellent que la SNCF nettoie sans cesse ses trains graffés et, surtout, est engagée comme plaignant dans des procès contre des graffeurs. Demain, le 23 septembre, sera prononcé le verdict d'un procès en appel contre près de 60 graffeurs au Tribunal de Versailles. Cette affaire dure depuis plusieurs années et il y a peu de chance que des acquittements soient prononcés. Si les peines ne risquent pas d'être fermes, les amendes, calculées à partir des frais engagés par le plaignant pour le nettoyage, risquent en revanche d'être très lourdes (le préjudice demandé est de plus d'un million et demi d'euro).

Vu le contexte, certains s'interrogent sur la démarche du Thalys, entreprise dont 62% du capital appartient à la SNCF. Pour le graffeur parisien FINT, "leur position n'est vraiment pas clair. Comment peuvent-ils d'un coté affirmer que 'de la peinture sur un train est un délit' et de l'autre s'en servir pour faire leur pub ?"
Sur les forums de graffiti, les réactions sont identiques : "Comment la SNCF peut-elle demander des amendes de dingues à certains et en inviter d'autres à faire une performance sur un train ?" / "On voit que la SNCF n'a pas peur du graffiti quand il s'agit de faire de la pub" / "Ceux qui payent des milliers voire des centaines de milliers d'euros d'amendes pour avoir fait des trains, et à qui on a dû dire devant le tribunal 'un train c'est pas fait pour être peint' doivent bien faire la gueule..."
La situation devient d'autant plus ambiguë quand on sait qu'OPAK, un des invités surprise de JONONE, fait parti des graffeurs en appel au procès de Versailles...

Thalys whole car

(pix Thias)

Le Thalys en mouvement en gare de Bruxelles

Graffiti on the Thalys from Raphael on Vimeo.

Reportage à Garde du Nord et interview du grand chef du Thalys


Au-delà de l'opération de communication, assiste-t-on à un changement d'opinion des équipes dirigeantes de la SNCF vis-à-vis d'un certain type de graffiti (le légal) ? Ou faut-il y voir une stratégie délibérée de l'entreprise dans le cadre de son plan anti-graffiti ?
Si certains d'entre vous ont une réflexion là-dessus, les coms sont ouvertes...

Billet by Thias. Pix by Thias, Tat et Photograff92 (merci vr)
Autres photos du Thalys chez Photograff92, Urbanartcore ou GraffitiArt
Plus d'infos sur les procès SNCF/graffiti
Le site de JONONE
Le site de SEAK
Le site de SOZYONE
Le site de ZEDZ
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